L'INSEE et la Dares viennent de publier les résultats de leur enquête sur le télétravail en 2017. 2 études réalisées auprès de 26 000 répondants ont permis de mesurer le nombre de télétravailleurs et d'analyser les télétravailleurs intensifs (2 jours ou plus par semaine). Les points sensibles du télétravail y sont parfaitement abordés. Nous ne sommes pas toujours d'accord et nous proposons ici d'y apporter notre regard.
FAUX
"Encore peu répandue"... en 2017. Le monde change vite, trop vite pour que des données de 2017 soient utilisées pour expliquer le présent. Les ordonnances Macron de 2017 ont donné un véritable coup de fouet au déploiement du télétravail en France. Les études de moins d'1 an déterminent entre 10% et 30% de télétravailleurs en France.
Oui mais en même temps...
Si on prend en compte le trajet domicile-travail comme du travail, et qu'on considère qu'il met 30 minutes, le salarié économise 1h25 au final pour 2 jours de télétravail. Ça parait plutôt être un système gagnant-gagnant.
Oui, c'est un problème mais ne qualifions pas d'atypique ces horaires s'il vous plait
C'est le propre du télétravail de proposer à la personne de gérer son temps de travail en fonction du travail à réaliser et non en fonction d'horaires fixés par l'entreprise. Certains préfèrent ainsi travailler le soir (et par exemple s'occuper de leurs enfants dès leur sortie de l'école). Bien-sûr l'INSEE se base sur des chiffres pour dire ce qui est atypique ou pas dans notre société, c'est son métier. Mais d'un point de vue sociologique et même économique, n'est-ce pas atypique de vouloir arriver tous à la même heure au bureau ?
Les entreprises qui ont su mettre en place une organisation compatible au travail à distance savent parfaitement gérer la désynchronisation par une organisation adaptée du travail. L'enjeu ici est de penser le télétravail comme un mode de travail complet et non pas comme un aménagement du temps de travail.
L'étude précise qu'une « mise en place d'un accord collectif ou individuel sur le télétravail semble néanmoins atténuer le risque». En effet, des règles explicites et partagées garantissent des bonnes relations de travail.
Oui, mais le télétravail n'est pas en cause
Ici ce qui est en cause est la culture de l'entreprise qui n'a pas épousé ce nouveau de mode de travail. La culture du présentiel, le pouvoir de l'information, le manque de collaboration génèrent cet isolement.
Le travail à distance est un révélateur des problèmes de l'entreprise. Adopter une démarche de télétravail est un projet de transformation de l'entreprise.
Pas surprenant
A l'inverse, on peut dire que les entreprises qui évoluent dans un environnement stable ne mettent pas en place le télétravail car cela peut être perçu comme risqué. On peut aussi considérer que ne pas aller vers ce mode de travail est un signal inquiétant pour la pérennité de l'entreprise.
La culture du changement est plutôt recherchée de nos jours. Gérer ou subir un plan de licenciement est très complexe. A côté, mettre en place le télétravail parait beaucoup plus simple et peut être vu comme une flexibilité gagnante pour tout le monde.
C'est très gênant
Argumenter que les télétravailleurs sont en moins bonne santé parce qu'il y a plus d'handicapés est un raccourci malheureux. Une caractéristique majeure du télétravail est d'être inclusive. Au contraire, le télétravail démontre tout son intérêt sociétal en permettant à des personnes ne pouvant pas facilement se déplacer d'occuper des fonctions depuis leur domicile.
Oui, intéressant
Dans le cas où un état dépressif a amené à considérer le télétravail comme une solution, le télétravail n'est pas en cause. Mais il est vrai que le télétravail peut être source de stress.
Dans tous les cas, il incombe à l'entreprise d'être très attentive aux risques psycho sociaux. L'éloignement géographique requiert une plus grande rigueur sur ces points. Il y a bon nombre d'actions déjà connues à mettre à place pour prévenir ces risques. Et certainement encore beaucoup d'autres à créer, l'anxiété étant un enjeu majeur dans notre société.
Désolé, mais l'étude ne le démontre pas du tout. Le télétravail ne supprimera jamais des conditions de travail défavorables. La distance accentue les problèmes latents de l'organisation mais elle n'en n'est pas la cause.
C'est pour cela que les entreprises qui ont un modèle distribué (100% télétravail) ont une très bonne image. Car, en passant ce cap, elles prouvent de fait qu'elles proposent de bonnes conditions de travail.
Quoi qu'il en soit, les conditions de travail restent un enjeu à gérer par l'entreprise. L'étude a cela d'utile qu'elle vient contrebalancer ceux qui font la promesse que le télétravail corrige tous les maux. Même si l'étude ne démontre pas ce qu'elle affirme.
La question n'est pas de savoir si le télétravail est le nouvel eldorado. Ca n'est pas un pari de dire que le télétravail est un eldorado, aucun chiffre ni aucune étude ne démontrera ce que le futur sera. Ce n'est ni bien ni mauvais. C'est simplement un changement irréversible, c'est le futur du travail car il répond aux enjeux sociétaux et environnementaux. C'est un changement profond qui prendra 10 ans. C'est pour cela qu'il est important d'encourager les entreprises à comprendre les enjeux, à les sensibiliser aux risques et aux opportunités pour elles. Nous devons apporter des solutions pour traiter les nouveaux challenges de ce nouveau mode de travail. C'est ce que nous nous attachons à faire au quotidien avec Organyze.
Quels sont les salariés concernés par le télétravail ? Etude DARES - 04/11/2019
Le télétravail permet‑il d’améliorer les conditions de travail des cadres ? Etude DARES - 04/11/2019
INFOGRAPHIE : le télétravail permet-il d'améliorer les conditions de travail des cadres ? INSEE - 04/11/2019
Analyse des défis des organisations à distance Organyze - 06/11/2019
Vous êtes libre de participer à notre enquête de novembre 2019 sur les difficultés des entreprises autour du travail à distance : https://orgz.fr/painpoints-b